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23 avril 2015 4 23 /04 /avril /2015 17:58

Mon Dieu...  

Je vous prie de m'aider.  

Hier au soir, j'ai reçu une lettre.  

 

Cette lettre venait de nulle part, d'un quelque part que j'ignore.  

Elle disait :  

« Pardonne-moi. »  

 

Elle venait d'un être lointain qui s'est échappé depuis longtemps, qui s'est échappé de ma vie, de mon monde.  

Elle disait : « J'existe encore. Je suis loin, mais je suis là. Le monde est vaste, étonnant, inimaginable. »

 

J'ai regardé autour de moi et j'ai vu de la lumière, un halo éclatant de lumière.  

 

Cette lumière est toujours ici, au-dedans et au-dehors de l'enveloppe. Hier, aujourd'hui, demain.  

 

Là où il y a la vie, il y a l'espoir.  

 

Le mystère se dévoile chaque jour de manière diffuse, telle une énigme joueuse et douce.

Le cœur des hommes se révèle dans chaque soupir qu'il nous est offert d'apercevoir.

 

L'attente est languissante mais jalonnée de petits plaisirs.

 

Le secret reste entier.

 

 

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2 mars 2015 1 02 /03 /mars /2015 12:28

    "Bonjour ! Il y a quelqu'un ?"

Pat découvre un hall d'accueil désert. Les couleurs pastel sont brûlées par un rayon de soleil matinal, qui fait apparaître des fins tourbillons de poussière. Deux musiques se superposent, une assez lointaine, une qui émane d'un transistor posé sur un meuble.

Pat fait quelques pas et perçoit des éclats de voix, derrière les portes vitrées, trop opaques pour qu'on y voit rien.

 

Soudain la secrétaire entre en trombe, toute nue. Elle embrasse Pat sur la joue, et avant que cette dernière ait rien compris, elle a disparu par une autre porte. 

Cette jeune fille délurée d'une vingtaine d'années, effectue des allées et venues louffoques et insensées à intervalles irréguliers.  

Pat attend. Elle est toujours seule dans le hall et ses nerfs commencent à se tendre. Des gouttes de sueur glissent le long de sa nuque.  


Après un temps démesuré, elle bouillonne. Alors qu'elle aperçoit la secrétaire, qui s'est rhabillée depuis sa première apparition, elle attrape son bras, le sert fort et lui adresse un regard intensément menaçant.

"Ecoutez-moi. Donnez-moi un entretien. Maintenant."  

La jeune fille souffle sur une mèche de cheveux qui lui tombe sur le visage avec un air indifférent, ses épaules s'affaissent, et, en traînant des pieds, subissant toujours sur son bras la pression des droits de Pat, elle se dirige vers une des portes et l'ouvre.

Les deux femmes entrent dans une pièce éclairée par une grande fenêtre. Quelques tables sont occupées par des duos de personnes s'affrontant paisiblement ou hargneusement sur des cas délicats.

La jeune secrétaire s'affaisse sur une chaise et tend le bras pour inviter Pat à s'asseoir. Pat commence à expliquer sa situation. C'est complexe, elle essaie d'être claire et de bien se souvenir de tout. La secrétaire a le menton appuyé sur sa main, les yeux mi-clos. Petit à petit sa main glisse vers le haut du crâne et sa tête tombe sur son bras. Elle fait des gribouillis sur un papier et ses yeux restent dans le vague. 

 

Pat n'arrive pas à s'exprimer parce qu'un vacarme tonitruant, dans la pièce voisine, recouvre tout l'espace sonore. Aux autres tables, aussi, on a du mal à s'entendre et on est obligés de se répéter, de lire sur les lèvres, de deviner, de feindre qu'on a compris.

Un nouvel accès de fureur envahit Pat. Se levant brusquement, elle retourne dans le hall et ouvre la porte mitoyenne.

Pat reste une fraction de seconde ébahie. C'est là que sont tous les employés. C'est la salle de repos, bondée, les canapés pleins à craquer, les effluves de café qui vous montent à la tête, avec le tapage confus des conversations passionnées. Pat hurle et les effraie tous. Quand elle ressort, les conversations reprennent, mais un peu plus bas.  


Pat retourne s'asseoir en face de la jeune secrétaire.

"Alors voilà, au total, j'ai payé 26,4 euros par mois pendant neuf mois."

Une lueur de bonheur s'allume dans les yeux de cette femme qui s'ennuie tant. Elle se met à poser la multiplication sur son papier. Elle rature, recommence, gomme, dresse des colonnes de chiffres. Pat, patiemment, attend de voir si le résultat sera le même que celui que lui donne la calculatrice de son téléphone. Tiens, non, ce n'est pas tout à fait le même. Bah.

"Et maintenant, j'en arrive au deuxième point, vous savez, je vous avais dis au début que j'avais deux problèmes à aborder."  

Pat essaie de rendre son ton vif et coloré, avenant et amusant, elle fait beaucoup d'efforts pour que la secrétaire ne s'endorme pas. Mais elle voit ses paupières s'alourdir et la paresse semble soudainement s'abattre sur elle.

 

"Je crois que je vais vous déléguer," dit-elle d'une voix éteinte.

 

Pat hésite un instant à supplier : "Mais enfin, mademoiselle, courage, il n'y a que trente minutes que nous parlons, et c'est presque terminé !"

Mais, désespérée, elle sait qu'il n'y a plus rien à tirer de ce corps élastique ni de cet esprit inerte.

Un cri de détresse intérieur s'élève jusqu'aux nuages. 

 

Au réveil, elle pense à ce coup de fil administratif à passer aujourd'hui.

tangled-wires.jpg

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30 août 2014 6 30 /08 /août /2014 19:40

    J'ai trouvé un jardin, un lieu charmant, fleuri, coloré, pour abriter mon écureuil. Jamais je ne l'ai vu si gai. Il court, il batifole, gambade dans les feuillages, toute la journée. Il se dérobe aux regards, et tantôt vient me voir, coquet, curieux. Il est heureux.

 

Et puis un soir, en marchant dans mon quartier, j'ai vu un autre paradis. Comme on y serait bien ! Comme j'ai envie d'y être ! Oh, comme c'était joli ! Je ne pouvais pas aller voir, je n'avais pas la clef, ce n'était pas chez moi... Et chaque soir, je rentrais dans ma maison, j'arrosais mes pensées, je faisais des bouquets, je murmurais des chansons d'amour. Et parfois, au détour d'un bosquet, je m'arrêtais pour contempler les reflets d'une couleur au soleil. Et cette couleur me paraissait imparfaite. Et je pensais à l'éclat du jardin voisin, aux tortuosités de ses branchages, aux jeux d'ombre et de lumière, aux scintillements cristallins des fontaines, oh ! comme je le désirais !

 

Mon pauvre jardin... Je m'asseyais piteusement sur l'herbe, j'étais absente à moi-même, je rêvais à un paradis, entraperçu à travers un judas...

 

Alors j'ai senti sur mon corps, le pelage soyeux et les petites griffes de mon écureuil. Son museau gigottait affectueusement. Ses grands yeux profonds cherchaient les miens. Je l'ai pris dans mes bras, et ce jour-là, j'ai semé une nouvelle fleur dans mon jardin. Elle sera de la teinte la plus incroyable - un orange, et sa forme sera raffinée, baroque, hypnotique...

 

2014

 

Exposition-1001-orchidees-au-jardin-des-plantes.jpg 

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18 juin 2014 3 18 /06 /juin /2014 23:00

        

    A la frontière lao-thaïe se trouvent deux parcs de sculptures absolument étonnants. Leur auteur, une sorte de gourou du XXe siècle, est un prodige d'art brut. Cet artiste peut nous rappeler, par exemple, la peintre "naïve" Séraphine de Senlis, ou bien encore le facteur Cheval qui érigea son palais idéal dans la Drôme.


Luang Pu (ce qui veut dire "père vénérable") Bunleau Sourirat, né en 1932 et mort en 1996, était un illuminé. Il consacra sa vie à l'édification de statues sybillines... mission spirituelle pour laquelle il s'entoura d'une secte d'adeptes-artisans.  


Quelle n'est pas notre excitation en arrivant aux abords du parc de Nong Khai en Thaïlande (parc dit Sala Keoku), apercevant au loin un serpent Naga effrayant, qui s'élève à vingt-cinq mètres de hauteur, tirant ses sept langues crochues, entouré de bustes élancés de bouddhas et de dieux hindoux aux sourires perturbants ! En tout, une centaine de sculptures sont à découvrir rien que sur ce site, et deux-cent de plus au Bouddha Park de Xieng Khuan au Laos, à vingt-cinq kilomètres au sud de Vientiane.

 

Le destin d'un enfant sensible de l'Isarn

 

D'après différentes sources, Bunleua nait au bord du Mékong dans une famille nombreuse et paysanne.  D'après lui-même, à quinze ans, fugueur, il trébuche dans la montagne, tombe dans un trou sur les genoux d'un ermite nommé Keoku qui devient aussitôt son mentor. (L'existence réelle de ce sage n'est pas avérée.)


Bunleua Surirat se fait vagabond, yogi. Il s'initie au Vietnam, se forge une spiritualité bien personnelle. Une mixture improbable de bouddhisme Theravada et Mahayana, hanté par les figures de Shiva, Pavati, Brahma, Vishnou, ou encore Yama, le gardien de l'enfer. Son imaginaire est aussi traversé de questionnements sur la modernité.

 

Pépite perdue d'art outsider asiatique

 

Quand il rentre en pays natal, nombreux voisins le tiennent pour fou, d'autant qu"il se lance dans la production effervescente d'oeuvres d'art colossales. Charismatique, animé, il regroupe toutefois autour de lui des centaines de sympathisants et de dévoués fidèles qui le nomment Luang Pu, "père vénérable". Commencent alors les parcs, nuées visionnaires, blocs de béton récupérés, assemblés par des structures métalliques, puis taillés dans la finesse la plus expressive, d'après les instructions du maître. L'artiste puisait une inspiration abondante et anxieuse dans ses nuits, ses méditations, pleines d'images hallucinantes ou chaleureuses.  

 

Isolé, autodidacte, guidé par sa soif créative spontanée, Bunleua Sourirat s'est échappé de tout carcan normatif, scènes mythologiques et scènes de la vie moderne se confondant parfois. L'originalité réside dans sa démarche mais également dans la part d'émotion indicible et saisissante qui ressort de son univers.

 

Une balade dans ces parcs constitue une expérience artistique et mystique marquante, mais prenez garde à la légende : "qui boit l'eau du parc donnera tous ses biens à la secte"...

 

    non-khai--thailande--statue-de-bunleua-sourirat.JPG


 


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17 mai 2014 6 17 /05 /mai /2014 11:52

Elle a 16 ans, elle est seule, détachée du groupe familier avec qui elle était venue.
Vaguement, elle avance à l’aventure dans ce grand parc.
Au loin, une petite roulotte, on y vend des crêpes. Elle voulait acheter de l’alcool, mais ils n’en ont pas. Les vendeuses, qui portent des casquettes blanches, le lui disent gentiment.
Dommage, elle se retourne et voit un garçon, si beau qu’il semble entouré d’un halo.
Un regard, peut-être une parole échangée ?
Ils marchent côte à côte. Entre eux, rien, peu de mots, du silence, simplement le goût d’être ensemble, une sensualité frémissante, chaleureuse.
Calmement, au bout de la promenade, ils s’assoient dans un hall vaste et lumineux, contemplant le jour qui expire. Au-delà, quelque part, dans le bel hôtel, elle sent la présence de ses parents.


Une sorte de cérémonie a lieu sur une grand’place. Le garçon est exposé aux yeux de tous, au centre du cercle, chantant indéfiniment une pauvre chanson - « 1, 2, 3, 4 », « 1, 2, 3, 4 ».  Tout en timidité, il paraitra alors si jeune, démuni face aux regards de l’assemblée, frêle dans sa virilité naissante. Et noyée dans la foule des curieux, elle ne le quittera pas des yeux ; lui, son compagnon pendant deux jours à peine, elle en découvre un autre aspect ; elle ne le quittera pas des yeux, faisant passer à travers ses pupilles un rayon dardant, et plein d’une compassion encourageante. Il est son ami et elle est avec lui, de tout son cœur de fille-femme, de toute sa sincérité et sa douceur, de toute sa vie.
Mais elle sent aussi, autour d’elle et de lui, le regard des autres, le jugement qu’ils portent sur lui. Elle croit qu’ils le déshabillent, cette mesquinerie lui fait honte. Alors pour ne pas se laisser contaminer par cette forêt d’yeux, envers et contre tous, elle veut que les siens restent le plus pur, le plus respectueux possible.


A la fin, elle ira le voir, il dira simplement :
« Ce n’est pas pareil, devant un ami et devant tous ».
Il dira qu’il n’a pas pu faire jaillir toute l’émotion que sa chanson lui inspire.
Elle écoute, attentive à lui, l’englobant avec ses yeux.
Elle le voit alors très précisément, ses traits, ses cheveux, son corps mince.


Elle se souvient alors de leur voyage.
Un gros serpent, il n’est pas long, mais énorme en grosseur, glisse lentement sur un rocher brûlant. Subjugués, surpris, une brève frayeur les saisit. Apaisé, il va pour s’éloigner, mais elle, les yeux béants comme deux soucoupes, prise d’un instinct qui la dépasse, qui la relie à Eve, à la femme ancestrale, elle saisit la bête, la prend par la tête de ses doigts délicats, et ce, juste le temps de l’effleurer car – les pensées passant dans son esprit aussi vite que les voitures sur l’autoroute – elle hésite et se souvient que c’est au niveau de l’autre extrémité, au niveau de la queue qu’il faut l’attraper… l’enserrer… serrer d’un coup et si fort, si fort que tout le corps écaillé du serpent n’a plus qu’à se dessécher, à devenir comme un animal empaillé, gris, déshydraté au soleil… Alors, tandis que cette image de la bête vaincue reste collée, une seconde, sur la rétine, elle la jette au loin, à travers l’espace infini du paysage, au-delà de l’horizon. Un point disparait dans le ciel bleu. Et puis ce n’est que paix.


Une autre fois, ailleurs, ils marchaient au milieu d’une rue dont tout le décor était factice, cernée de hautes structures en papier brun, prenant la forme de grands rochers artificiels. Ils ont aperçu, sur ces collines qui bordaient le chemin, recouvertes de broussailles et de buissons sans feuillages, une ouverture.
Aussitôt ils s’y sont engouffrés, comme s’ils n’avaient attendu que cela.
Arrivé en haut, il s’arrête. Elle le rejoint.
Là, le spectacle le plus surprenant. Tout un cortège de gens, fourmillants, colorés, un remue-ménage de forains, de saltimbanques, de crapules des grands chemins, de vendeurs louches à la sauvette, créait le plus vif contraste avec le paysage précédent, désertique, éthéré, virtuel. Que faisaient-ils ici, cachés dans les interstices du décor, insoupçonnés, tel un petit peuple de féérie ? Quelles vies ? D’où venaient-ils, où allaient-ils ? Vivaient-ils ici ? Circulaient-ils ailleurs ? Qui eût soupçonné qu’au milieu d’un rêve aux fleurs plastifiées, et jonché çà et là de boutiques de souvenirs, il y eût de la vie, non pas celle des visiteurs aliénés, mais de la vie authentique de pauvres, qui grouille et bouillonne sans faire de bruit.
Ni lui, ni elle, ne cherchent de réponses, ils regardent juste la réalité dans sa réalité. Ce souvenir ne les quittera plus, il transparaitra désormais dans chacun de leur souffle.

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16 mai 2014 5 16 /05 /mai /2014 01:23

Voici le temps d’un retour en terre d’enfance. Mes amis y sont restés et ont grandi. Ils vivent dans une cour à l’architecture étriquée, chacun dans une pièce minuscule qui s’apparenterait presque à une cellule de prison. Les murs sont vieux, mal entretenus.

 
J’entre dans cette cour et aperçois à travers leur fenêtre le frère et la sœur qui étaient mes voisins. Elle est devenue coiffeuse, mais malgré ce métier d’artiste sa chambre, sa maison sont quasiment dépourvus de décoration. Une peinture ayant viré au gris s’écaille. Un petit lit a trouvé sa place mais l’espace ne peut rien  accueillir de plus. Dans la fenêtre voisine, le frère est plongé dans la lecture d’un manga, et son nid n’est pas différent de celui de sa sœur.

 
Ils me sourient et m’accueillent chaleureusement, surtout elle.


Plus loin, dans la partie droite, notre amie autrefois chérie est assise à une table de travail, à l’intérieur de sa chambre elle aussi, une pièce un peu plus grande et je l’observe (elle aussi) à travers l’encadrement d’une fenêtre sans vitre, mais elle ne me voit pas, ne se retourne pas. La beauté de son enfance a fané, pressée comme une orange par la réalité de ses rêves brisés. Je me souviens qu’elle voulait devenir hôtesse de l’air. Elle était si brillante et élégante. Maintenant elle ne désire plus s’envoler d’ici et elle s’est faite à la solitude. Son apparence physique, son enveloppe ne l’intéresse plus, pourtant je sais qu’au fond elle est toujours aussi douce.


L’autre amie m’explique qu’elle ne parle plus. Alors nous la fixons un instant en silence, comme un tableau.


Puis elle me demande si j’ai un peu d’argent. « On pourrait aller au restau ensemble ! » J’ai justement un carnet de tickets repas que je sors de mon sac. Je suis heureuse, c’est apparemment une occasion rare pour elle et son frère. Nous passons chercher un autre copain, qui est également resté dans ce village reculé, où rien ne se passe, ou presque, à part les potins, et un cinéma. Sa chambre est davantage personnalisée : des écritures adolescentes griffonnées sur les meubles, quelques objets de foot. Il rêvait de devenir une racaille de Sarcelles quand il était plus jeune. La fille reconnaît qu’elle n’aime pas cet endroit. Mais elle y reste tout de même, car c’est tout ce qu’elle connaît, tout ce qu’elle a. Et face à ma culpabilité, lorsque je règle la note du restaurant, et tandis qu’elle savoure son hamburger, elle me dit : « T’as de la chance, tu sais ! » et son ton est joyeux. « Tu as raison d’être partie. » Et elle se fend en un grand sourire.


Parfois je crois qu’ils ont de la chance d’être restés entre eux, avec leur amour éternel, et près de la mer.


2011

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16 mai 2014 5 16 /05 /mai /2014 00:52

Ils ont l’air unis car ils portent les mêmes chaussures (des converses blanches au liseré rouge).

Ils marchent au même rythme et observent sans parler, dans la proximité des corps qui ne se touchent.

Ils communiquent malgré eux leur harmonie.

 

 


Dans le métro, elle lui parle en le désignant d’une troisième personne.

« Mais c’est qu’il a peur, lui » le taquine-t-elle.

C’est charmant et hautain.

J’ai l’impression qu’elle l’aime mais le méprise.

 

2012

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16 mai 2014 5 16 /05 /mai /2014 00:49

Il y a des gens qui sont laids même si leurs habits sont fins, chics et chers.

Il y a des gens qui rayonnent de grâce même s’ils sont vêtus comme des ploucs.

Il y a des gens quelconques, d’autres moyennement quelconques, d’autres un peu attirants, d’autres très attirants.

C’est un phénomène bizarre, car je crois qu’on pourrait plonger au creux de chacun et y faire de splendides découvertes infinies, mais parfois, il n’y a pas d’atomes crochus.

Peut-être que certaines personnes travaillent au développement de leur aura.

Peut-être que d’autres personnes sont attirantes, malgré elles, parce qu’elles irradient et lâchent tout, ou bien parce qu’elles ne se voilent que trop mal.

Parfois certaines personnes lèvent le voile momentanément et celui qui en est témoin, ne pourra rester indifférent, il voudra en savoir plus.

D’autres encore exhibent leurs entrailles dans une démarche « pathologique » et sont alors en partie repoussants.

Peut-être que certaines personnes enfin refusent d’aller au fond d’elles-mêmes, par flemme, conformisme, gêne, peur, matérialisme, bêtise… Je ne sais, ne faisant pas absolument partie de cette catégorie. Peut-être aussi est-ce un désir de simplicité, de calme, de joie superficielle.

Pourtant tout le monde je pense ressent des émotions mystiques.

 

2012

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16 mai 2014 5 16 /05 /mai /2014 00:46

On a des couches de bien et de mal,
de lumineux et d’obscur
superposées les unes sur les autres
prenant le dessus les unes sur les autres
par flashs
en vagues perpétuelles
Jusqu’à quel fond dans nos âmes ?
Tout au fond du cœur de mon amour, je CROIS qu’il n’y a que de la gentillesse.

 

2012

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16 mai 2014 5 16 /05 /mai /2014 00:08

Alors que je me promenais dans les rues qui gravitent autour du centre Georges Pompidou (à la recherche de quelque chose à manger car j’étais saisie d’une petite crise de boulimie), j’ai vu un de ces comédiens sans parole qui restent longtemps immobiles dans l’attente du tintement charitable d’une piécette dans leur chapeau. A ce moment ils se mettront en vie, comme réchauffés et revigorés par la générosité, des badauds devenus public.

J’aime leurs costumes et leur démarche d’automates, d’hommes-machines volontairement aliénés pour le plaisir poétique et pour l’argent. J’aime leur manière de remettre en question leur humanité.

Il y en avait un de ceux-là, donc, sur la place de la fontaine Stravinsky.

Il était perché sur son petit tréteau et tout vêtu de doré : smocking doré, souliers dorés, chemise dorée, chapeau haut de forme et gants dorés, tout le visage et le col enfin dorés, dorés, dorés.

Au moment où je l’ai vu, il était la proie d’une brochette de jeunes filles étrangères qui le moquaient, ou peut-être était-il le prédateur ; je m’explique.

Une des jeunes filles était montée sur le tréteau du petit gentleman soleil, dodu et pas jeune homme.

Elle veut que ses copines la photographient avec le mime.

Toutes gloussent

- car elles ont trouvé un souvenir de voyage, un objet rigolo à consommer.

L’homme a un gag qui fait pouet. Il fait pouet pouet la jeune fille qui le tient par la taille hurle comme un goret et tout en riant et ses amis s’esclaffent en photographiant.

Et l’homme use savamment de son pouet à chaque instant propice de la tension hystérique et les filles hurlent et rient et cela dure bien cinq minutes de pouets et de rires.

Et l’homme reste assez impassible, il ne fait que pouet, il porte un masque mais s’amuse profondément.

Je me demandai qui se moquait de qui dans cette scène, qui était un mélange de mépris et de complicité.

Un gag sain.

 

2012

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